Source :
« Ferdinand qui étoit le fils aîné du Roy Pierre (Pedro I roi du Portugal), & étoit né de Constance (de Castille), succéda à son père, & monta sur le Thrône du Portugal avec quelques vertus, & aussi avec d’assez mauvaises qualitez. Il étoit doux & affable; il aimoit ses sujets, qu’il croignoit de fouler, & ce qui est rare, il haïssoit presque autant les Impôts, que le Peuple les déteste. Mais il étoit d’ailleurs foible & paresseux. On s’emparoit aisément de son esprit ; il aimoit à être gouverné; le soin de son Etat étoit pour lui un fardeau penible. Il ne donnoit pas volontiers audience sur des affaires épineuses, il ne vouloit pas même en prendre connoissance. Il fuyoit tout ce qui pouvoit alterer son repos, comme si un Roy ne devoit pas toujours par des soins continuels & par une forte application payer en quelque sorte le rang suprême où le Ciel l’a placé. Sous son regne les affaires ne finissoient point ; parce qu’il se dechargeoit sur des Ministres negligens du soin de les terminer, & pour lui il ne pensoit qu’à ses plaisirs & à ses amours.
Ce prince avoit atteint l’âge de vingt trois ans, & n’étoit point encore marié. Il étoit amoureux depuis quelques années de la Marquise d’Acunha, nièce du Comte de Barcellos, son premier Ministre. Le Comte ambitieux qui eut bien voulu que sa nièce eut été veuve, & qui se flattoit peut-être de la voir bientôt delivrée de son mari, dont la constitution paroissoit foible, rejetta toujours sous divers pretextes, les propositions de mariage qui furent faites de la part des Cours Etrangeres. Cependant le roy devenoit de jour en jour plus épris d’Eleonor, jeune, brune, très piquante, d’une fine & déliée, grande & bien faite, ayant assez d’embonpoint, le coloris vif & naturel, & tous les traits du visage parfaitement réguliers. […] Les historiens disent aussi qu’elle avoit beaucoup d’esprit, mais d’un esprit artificieux & mauvais. »
Il l’épousa en secret car un mariage avec elle aurait été mal perçu par son peuple et ses frères car c’était sa maîtresse et son mari jaloux était mort prématurément. En fait cette femme l’avait fait empoisonné pour monter sur le trône et beaucoup de personnes avaient des doutes.
Une autre source :
Histoire universelle divisée en vingt-quatre livres: ouvrage posthume
Par Johannes von Müller, Jean-Gaspard Hess
Traduit par Jean-Gaspard Hess
Publié par chez J.J. Paschoud, 1817
Notes sur l’article: v. 3
Copie de l’exemplaire Bibliotheque cant. et univ. Lausanne
Numérisé le 15 jan 2008
Ferdinand moins ferme et moins absolu que son père, ne laissa qu’une fille, dont le mariage avec le roi Jean de Castille mit en danger l’indépendance du Portugal.
La reine douairière Leonor Tellez de Meneses, chargée de la régence, se laissoit gouverner par le comte Ourem. Ce seigneur étoit suspect aux états du royaume, et odieux au peuple ; quelques hommes hardis, de la noblesse et de la bourgeoisie, formèrent une conspiration contre lui. Ils mirent à leur tête, le grand maître de l’ordre militaire d’Aviça, Don Juan, fils naturel du roi Pierre I, se rendirent au château royal, au nombre de quarante, pénètrèrent dans les appartements de la reine, et massacrèrent son favori sous ses yeux. […] La reine craignant pour sa vie, se laissa engager à prendre la fuite, et porta ainsi un coup funeste à son parti et à celui de sa fille. Le grand-maître de son côté, dissimulant ses vues ambitieuses, déclara qu’il alloit se retirer en Angleterre afin de se soustraire à la vengeance des Castillans ; mais la nation s’y opposa, et lui confia la régence avec le commandement suprême de toutes les forces du Portugal.[…]
Don Juan fut proclamé roi du Portugal par les députés des villes. Il fut choisi pour éviter que la couronne ne soit prise par les Castillans.
Autre source allant dans ce sens :
En 1378, la cour de Lisbonne fut troublée par un drâme. Don Juan, frère du roi, ayant épousé secrètement Marie TELLEZ, soeur de la reine, l’égorge quelques temps après, sur un faux soupçon d’infidélité, inspiré par la reine elle-même, qui avait pris ombrage de ce mariage. Après ce coup, il se retire en Castille.
Par Nicolas De la Clède
Publié par Chez T. Le Gras, 1735
Notes sur l’article: v. 2
Copie de l’exemplaire Université de Gand
Numérisé le 7 nov 2008
p460
Léonor Tellez étoit mariée à Don Juan Laurent d’Acunha, Seigneur de Pombeyro, entre Douro & Minho. Elle étoit fille de don Martin Alfonse Tellez, frere de don Juan Comte d’Ourem, et de dona Aldonce de Vasconcellos. Dona Marie sa soeur était dame d’honneur de l’Infante Beatrix soeur du Roi.
Ferdinand tomba amoureux de Léonor alors qu’il était engagé selon un Traité de paix avec l’Infante Léonor de Castille qu’il devait épousé. En rompant cet accord il risquait la guerre.
Le mariage entre Léonor Tellez et Juan Laurent d’Acunha fut rompu sous prétexte qu’ils étaient parents et s’étaient mariés sans dispense.
Les deux époux acceptèrent que le Roi firent casser leur union.
Juan Laurent d’Acunha quitta le Portugal peut de temps après pour passer en Castille. Il fit mettre à son bonnet deux cornes d’or, en guise d’aigrete. ( ! Ca me rappelle les « cornes » d’un homme trahi par son épouse !!! Est-ce que c’était déjà la tradition, où est-ce que l’expression vient de là ?)
Ferdinand épousa Léonor qui n’avait d’autre ambition que de devenir Reine. a partir de ce moment il devint son jouet.
Le peuple accepta très mal ce mariage et le lui fit savoir. Ferdinand dissimula alors son mariage. Il fini par déclarer publiquement ce mariage en ayant pris soin de faire taire définitivement les opposants à la Reine.
Ferdinand fut traité avec dédain par le roi de Castille : « il ne témoigna aucun ressentiment du procédé du roi du Portugal, persuadé qu’un gendre qui avoit pû quitter la fille d’un autre Roi pour la sienne, & la sienne pour épouser une de ses Sujettes, ne valoit pas la peine d’être regretté. »
« Léonor acquis donc le trône par sa beauté. Elle résolut de s’en assurer la possession par ses liberalitez. Maîtresse de tout, mais abhorrée du peuple, & méprisée des Grands. »
p483
Suite à une guerre sanglante entre le royaume de Castille et du Portugal, un Traité fut signé et on proposa de marier le Comte de Gijon, fils naturel de Henri (roi de Castille) avec Isabelle, fille naturelle de Ferdinand (roi du Portugal), ce qui fut exécuté dans la suite ; ainsi fut terminer une guerre cruelle[…]