L’Art de vérifier les dates tome 6 p 499 :
A la suite de la mort du prince en 1273, Henri fit reconnaitre comme unique héritière sa fille Jeanne âgée de 2 ans et demi, malgré l’opposition des états qui prétendait que la Navarre était assujettie à la loi salique. Henri conclut peu de temps après un traité avec Edouard I, roi d’Angleterre par lequel il promet de donner cette princesse en mariage à un des fils de ce monarque. Mais il révoqua cette promesse par son testament dont une des dispositions fut que sa fille serait mariée en France. Henri décède en 1274.
Elle succède à son père à l’âge de trois ans et demi sous la tutelle de sa mère Blanche d’Artois.
Le 27 aout, les états choisissent don Pedre-Sanche de Montaigu pour gouverner avec la reine-mère. Ce qui occasionne une division. La reine alarmée enlève sa fille, se retire secrètement avec elle et vient à Paris. Le roi Philippe le Hardi envoie Eustache de Beaumarchais, seigneur français, pour rétablir le calme dans le pays. Eustache s’acquitta de sa commission en homme intelligent ; il gagna le plus possible de villes et de barons et commença à faire la loi à Pampelune. Mais ayant entrepris de réformer quelques abus, son zèle souleva les seigneurs du pays, qui vinrent l’assiéger dans la forteresse de Pampelune. Le roi de France à cette noucelle fait partir Robert, comte d’Artois (Ndlr : grand-père de Jeanne) et le connétable Imbert de Beaujeu avec une armée pour la Navarre. Pampelune fut emportée d’assaut vers la fin de septembre 1276, Eustache délivré et les auteurs de la sédition sévèrement punis. Les soldates et surtout les gascons commirent des excès horribles dans Pampelune malgré la volonté des généraux. Les Aragonais qui voulurent profiter des troubles furent chassés hors du royaume.
Avant le retour du prince en France, le roi Philippe le Hardi, par le conseil de sa mère, fit épouser à la reine Blanche Edmond, comte de Lancastre, frère du roi d’Angleterre. Ce qui déplut au comte (Ndl: d’Artois, père de Blanche ?). Blanche dans le même temps négociait le mariage de sa fille avec Philippe, deuxième fils du roi de France, qui devint bientôt l’aîné par la mort de Louis son frère. Le traité fut conclu dans le mois de mai 1275 ; mais le mariage ne s’accomplit que neuf ans après.
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Elle sut, dit M. Velli, par ses soins accompagnés d’une rare prudence, chasser l’aragonais et le castillan de la Navarre, où elle maintint heureusement la paix, tant par sa sagesse des gouverneurs qu’elle lui donna, que par la beauté des réglements qu’elle y établit. Les Navarrois respectaient en elle jusqu’à la sévérité que lui inspirait le zèle de la justice, parce qu’elle savait la tempérer par une douceur salutaire. On eüt dit, c’est l’expression de Mézerai, qu’elle tenait tout le monde enchaîné par les yeux, par les oreilles, par le coeur, étant également belle, éloquente, généreuse, libérale. L’amour de la gloire fut sa passion dominante, et tout l’objet de ses désirs de laisser à la postérité un illustre souvenir de son existence. Ce fut pour s’assurer cette immortalité qu’elle fit élever dans la Navarre cette ville si connue sous le nom de Puente-la-Reyna ; qu’elle bâtit et dota l’abbaye de la Barre, au faubourg de Château-Thierri ; qu’elle donna de grands biens aux Chartreux, aux Cordeliers, aux Jacobins ; qu’elle récompensa si généreusement les gens de lettres ; enfin elle fonda, l’an 1304, le collège de Navarre et de Champagne dans l’université de Paris. Cette grande reine mourut au château de Vincennes le 2 avril 1305, à l’âge de environ 52 ans, et fut enterrée aux cordeliers de Paris.